Céline Couratin : « C’est en grande partie grâce à BFM TV que je suis marraine d’Enfants Bonheur »

Céline Couratin, journaliste sur BFMTV, est la marraine de l’association « Enfants Bonheur », qui  s’occupe d’enfants à Haïti.  Lors du séisme Céline était sur place pour couvrir ce drame pour BFMTV. De l’expérience journalistique à l’engagement associatif faut il y voir un lien ? Céline Couratin a répondu à nos questions.

Céline, comment vous êtes-vous retrouvée marraine de l’association « Enfants Bonheur » ? Votre expérience sur le terrain en Haïti a-t elle été le facteur déclencheur ?

Mon travail en janvier 2010 à Port-au-Prince a bien sûr été le déclencheur de toute cette aventure. J’ai été contactée par une organisation humanitaire, sensible à mes reportages. Sur place, avec Caroline Mier (JRI), j’ai tourné des portraits, passé du temps à raconter les histoires des haïtiens : celle de Rudy, un homme qui cherchait des points de distribution d’aide alimentaire, à pied sous un soleil de plomb dans les rues de la capitale… celle de Ruben qui arrivait de Saint-Domingue et qui cherchait sa famille dont il était sans nouvelles depuis le séisme… etc…

Ce sont ces témoignages qui ont interpelé les humanitaires. Quand ils m’ont proposée de devenir marraine d’une association pour les enfants à Port-au-Prince, il y a eu comme une évidence…

Pendant cette mission, devant des gens qui creusaient jusqu’à s’arracher la peau dans les décombres pour tenter de retrouver un enfant, une femme, devant les hurlements de douleur des blessés, devant les larmes des chirurgiens qui amputaient une danseuse des 2 jambes, devant le désarroi d’une directrice d’orphelinat qui n’avait plus d’eau pour les gosses… J’ai eu du mal a répondre à cette question, qui ouvrait toutes les conversations : « Qu’est-ce que tu peux faire pour moi ? », il paraissait bien dérisoire de répondre « Raconter ton histoire, pour que mon pays sache ce que tu vis » ; ensuite, et c’est étrange, il est difficile d’entendre ces mêmes personnes vous dire « merci ». Alors, essayer d’être utile autrement, oui, évidemment. « Enfants Bonheur » est une association qui recueille les enfants qui ne sont pas adoptables, leur donne un lit, de la nourriture et les moyens de devenir autonomes en les scolarisant. Cette association ne fait pas le choix de la facilité. Ce n’est pas simple de prendre en charge des enfants et de les garder, mais c’est le prix à payer pour leur donner les moyens de grandir et de devenir autonomes dans leur pays.

Comment se traduit votre engagement ?

J’essaie d’être utile avec mes petits moyens: faire connaître Enfants Bonheur pour recueillir des dons. Nous voulons construire un dispensaire en dur pour les enfants ; nos 73 petits dorment depuis janvier dernier sous des tentes de fortune.

J’essaierai de repartir à Port-au-Prince dans l’année pour passer du temps avec les enfants, soutenir Vincent Rossigneux, le français responsable local qui s’occupe des enfants 7 jours sur 7 et tenter de créer des liens plus forts entre les enfants et leurs parrains- marraines français (parrainage possible 25 euros par mois et par enfant).

Retournerez-vous à Haïti réaliser des sujets pour BFMTV ?

Lorsque je repartirai, le voyage se fera dans un contexte privé, même si BFMTV est bien sur au courant de mon engagement et le soutient. C’est en grande partie grâce à BFMTV que je suis marraine d’ « Enfants Bonheur ». Ma chaîne, ce métier m’ont offert ces rencontres là, aussi.

« C’est l’essence même du journalisme que de raconter notre temps, l’humain, ses histoires… »

Séisme en Haïti, Darfour (dont on ne parle plus…), vous connaissez bien les terrains difficiles, humainement parlant. Comment surmontez-vous tout ce que vous pouvez vivre ou voir sur place ?

Le témoignage, c’est parfois difficile, je ne le nie pas. Mais je crois que c’est l’essence même du journalisme que de raconter notre temps, l’humain, ses histoires… Et si l’on veut être juste, comprendre, il faut approcher les personnes, les écouter mais surtout entendre et ressentir pour redonner tout cela sans jamais trahir la parole donnée. Dans certaines situations, il ne reste aux personnes que leur histoire, douloureuse, elles vous la donnent, vous font ce cadeau, alors il est précieux.

Alors, oui, dans ces conditions, on prend le risque d’être touché, parfois je l’ai été, à chaque fois j’ai appris sur l’humain. Et je ne le regrette pas. Ma conception de ce métier n’est pas égotique, elle est au contraire dans la transmission du vécu des autres.

Depuis septembre 2010 vous intervenez en plateau chaque week-end aux cotés de Rachid M’Barki sur BFMTV. Le terrain ne vous manque pas ?

Je n’ai pas tout a fait arrêté le terrain, j’y suis 2 jours par semaine! Mais il est vrai qu’avec la présentation vendredi, samedi et dimanche, je ne pars plus en mission à l’étranger. C’est un choix de ma part; j’avais envie de me poser un peu. Mais rien n’est inscrit dans le marbre… sauf mon statut de Grand Reporter!

Retrouvez Céline Couratin tous les vendredis, samedi et dimanches soirs sur BFM TV.

Merci Céline pour cet entretien !

 

par Damien D.