Leila Kaddour-Boudadi prête sa voix à « Despot housewives »

« Despost housewives » sur Planète+
« Despost housewives » sur Planète+

Leïla Kaddour-Boudadi, journaliste sur France Inter et ex-Arte, prête sa voix à une série documentaire originale « Despot housewives » diffusée du 20 septembre au 18 octobre sur Planète+. La chroniqueuse de La Bande Originale, fan de basket, nous a confié ses joies, mas aussi ses peines, sur le parcours de l’équipe de France à l’Euro de basket.

Leïla comment vous êtes vous retrouvé à prêter votre voix à « Despot housewives » ?

C’est la toute jeune société de production Day for Night de Jan Vasak, d’Alexandre Charlet et de Virginie Sauveur qui m’a contactée et proposée d’être la « voix » de « Despot housewives ». La société n’a pas un an et ce projet était l’un de leur tout premier. Il leur tenait donc à cœur. Je n’avais jamais assuré la narration d’un documentaire auparavant, c’était donc une nouvelle aventure qui se présentait à moi … alors je n’ai pas hésité une seconde ! Le concept même de « Despot housewives » m’a beaucoup intéressé. Aller à la rencontre de ces femmes de dictateurs, savoir si elles avaient autant d’ambitions que leurs maris et quel était exactement leur responsabilité dans les atrocités commises au nom souvent d’une idéologie, tout cela est fascinant. Plus simplement, j’ai accepté de prêter ma voix à cette série documentaire parce que c’est exactement ce genre de programmes que j’aimerais voir à la télévision. Ainsi, Virginie Sauveur m’a fait faire des essais et la chaine Planète+ était emballée ! Sachez, et j’y tiens, que le premier documentaire produit par Day for Night, « Take the boat », ce n’est autre que Catherine Deneuve qui a prêté sa voix. Je suis assez fière d’avoir été choisie pour le deuxième ! (rires)

« Elles ont des choses à dire et pour cause, elles étaient toutes aux premières loges, dans l’ombre de leur dictateur de mari »

Qu’allons nous découvrir dans cette série ?

Une galerie de portraits de femmes peu ordinaires. Toutes à la fois fascinantes et repoussantes. Le réalisateur, Joël Soler n’a pas cherché à les juger mais à leur donner la parole. Elles ont des choses à dire et pour cause, elles étaient toutes aux premières loges, dans l’ombre de leur dictateur de mari. Ce qui m’a le plus étonné c’est que ces femmes, qui ont évolué dans un luxe indécent alors que la population était réduite à la plus extrême pauvreté, ces femmes n’ont jamais émis le moindre regret. Toutes veulent au contraire montrer au monde entier toutes les actions qu’elles ont pu entreprendre pour faire le bien autour d’elles. Et au-delà de ces femmes, cette série met aussi en évidence les liens plus qu’ambigus entretenus entre ces dictateurs et les grandes puissances occidentales. On a en effet tendance à pointer du doigt les tortionnaires et à détourner le regard quand il s’agit de déterminer qui sont les complices de ces dictateurs. L’Occident n’a peut-être pas directement les mains ensanglantées et pourtant son rôle est loin d’être insignifiant.

Parmi tous ces portraits de « Despot housewives » y en a t-il qui vous ont plus marqué ?

Deux d’entre elles m’ont marquée. Tout d’abord Imelda Marcos, la femme de l’ex-dictateur des Philippines, Ferdinand Marcos. Elle est à la fois monstrueuse et paradoxalement très attachante ! Une parodie de femme de dictateur dans toute sa splendeur. Cette femme surnommée le papillon de fer est sans filtre, elle n’a par exemple même pas à camoufler sa dimension vénale. A la question « Aimez-vous l’argent ? », elle a répondu « J’adore l’argent, je suis cupide ». D’ailleurs, toute son existence est centrée sur l’argent, son seul regret, c’est la saisie de tous ses bijoux après la chute du régime. Ensuite, il y a Marie-Reine Hassen. Elle a été l’une des 17 femmes de Bokassa, le dictateur centrafricain. Son itinéraire est saisissant. Dans la série, elle nous raconte comment très jeune elle a été contrainte de devenir l’une des épouses de Bokassa en échange de la liberté de sa famille. Aujourd’hui, elle est engagée en politique et brigue la présidence centrafricaine.

J’aimerais aussi parler de Souha Arafat, l’épouse du leader palestinien. Elle est également présente tout au long de la série documentaire, c’est un peu notre fil rouge, notre grand témoin, qui intervient pour nous parler de bon nombre de femmes de dictateurs du monde arabe qui n’ont pas voulu être interviewée comme par exemple Asma El Assad, la femme de l’actuel président syrien. 

Si « Despot housewives » permet de vous ré-entendre en télévision, vous venez d’entamer votre deuxième saison en radio dans « La Bande Originale » de Nagui sur FranceInter.

Oui, c’est ma deuxième saison et j’en suis ravie ! C’est un plaisir de retrouver la bande tous les matins. Tous les jours nous avons la chance de recevoir un invité, d’avoir un groupe qui joue en live pour nous et de prendre plaisir à partager ces moments tous ensemble ! Je suis vraiment heureuse de faire partie de l’équipe et par ce biais de découvrir un média qui m’était jusque-là assez inconnu. Et comme vous devez le savoir, on est vraiment heureux pour Nagui du retour de « Taratata » sur France 2 ! C’est aussi ça l’esprit d’équipe, l’esprit de « La Bande Originale », se réjouir pour les autres !

« Je suis très fière de cette équipe de France ! »

Parlons sports, vous qui êtes une grande fan de basket, que retenez vous du parcours de l’équipe de France qui échoue en demi-finale dans cet Euro 2015 ?

Je suis très fière de cette équipe de France ! Je la suis depuis longtemps. Cette équipe me fait vibrer, elle est vivante, plusieurs générations s’y côtoient et pour autant on sent bien la force de ce collectif. Il y a des mecs précieux comme Boris Diaw et Tony Parker, ce sont de vrais meneurs qui entrainent les jeunes dans leur sillage. Ils avaient tout gagné jusqu’à ce match contre l’Espagne qui a été tellement intense. Il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. A chacun des matchs de l’équipe de France, j’étais derrière ma télé à hurler comme si j’étais au bord du terrain. Je remercie mes voisins de leur patience pendant cette période de compétition. Je redoutais l’équipe d’Espagne, ou plutôt, je redoutais Pau Gasol. Un pivot doublé d’un ailier fort dans un même corps, c’est … difficile à surmonter. La prestation des Bleus ne donne pas à rougir loin de là, on a défendu fort, on a montré du beau jeu, et nos jeunes comme Gelabale, Fournier, Lauvergne, Gobert et surtout De Colo, nous ont donné de bonnes raisons de vouloir suivre cette équipe dans les années qui viennent. Et puis ce 3 points de Batum, si ça c’est pas une action de folie ! Je pensais le match plié et là, royal, Batum nous propulse en prolongation. Il faut avoir un mental de malade pour rester lucide dans ces circonstances. Je suis vraiment admirative de ces grands champions. J’éviterai de parler de l’arbitrage parce que ça ne sert à rien de refaire le match et quant à notre manque de réussite au lancer-franc, inutile de revenir dessus, on sait tous très bien que le match nous échappe à cause de cela. En revanche, je suis très agacée par ce que j’entends sur Tony Parker. Ça sert à quoi de nous rebattre les oreilles sur sa performance en demi-teinte face à l’Espagne, il est sans aucun doute le premier à être triste de sa prestation alors pas la peine d’en rajouter une couche. J’aime Tony Parker, c’est notre grand champion ! Maintenant, place à la Coupe du Monde de Rugby, c’est mon autre sport favori. L’année commence bien pour moi, c’est moins sûr pour mes voisins qui vont encore devoir supporter mes cris pendant les matchs. (rires)

Ces derniers temps, l’actualité est marquée par les migrants. Comme on peut le constater sur votre compte Twitter, vous n’avez pas attendu le phénomène médiatique pour vous intéresser au sujet ?

Les migrants, les sans-papiers, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ne savent pas où aller, qui sont traités comme de la vulgaire viande, c’est déprimant et ils ne sont pas seulement aux portes de l’Europe, ils sont parfois juste là, dans notre quartier, dans notre ville. Je suis consternée par l’hypocrisie des politiques qui, avant la publication de la photo du corps de cet enfant syrien échoué sur une plage turque, faisaient évacuer les gymnases et qui maintenant en appellent à la solidarité et à des valeurs humanistes. En juin dernier, non loin de chez moi, des CRS intervenaient pour évacuer des sans-papiers d’un gymnase. Je me suis rendue sur place tout simplement pour voir ce qu’il se passait et pour discuter aussi. En tant que citoyen, c’est important de s’arrêter, d’aller voir, poser des questions et j’ai bien fait parce que cela a marqué pour moi mon baptême aux gaz lacrymogènes. Eh oui, en repartant, un petit cortège tout à fait pacifique s’est formé, scandant des inoffensifs « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières ». J’ai remonté l’avenue avec eux et tout d’un coup mes yeux se sont mis à pleurer, ma gorge à brûler, à mes pieds une grenade lacrymo. Incompréhensible. Cela fait aussi partie de mon expérience de citoyenne et je n’ai pas manqué de partager cela sur les réseaux sociaux. La prochaine fois, c’est certain, j’y retourne.

Retrouvez « Despot housewives » du 20 septembre au 18 octobre sur Planète+ et à partir de janvier sur France Ô. Retrouvez Leïla Kaddour-Boudadi du lundi au vendredi à partir de 11h sur France Inter.

Merci beaucoup Leïla !

par Damien D.

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