Marjorie Paillon : « Quelque soit le support nous restons des artisans de l’info »

Après avoir couvert les élections présidentielles américaines, les activités journalistiques de Marjorie Paillon tournent autour du web. En télévision, Marjorie anime deux chroniques sur BFM TV : « le meilleur du web » à 21h50 et 23h50 et « Web de Zéro » à 22h50. Marjorie poursuit sur Internet avec Ilovepolitics.info , site consacré à la politique américaine, et elle collabore depuis peu à l’émission de Guy Birenbaum , « la ligne jaune » sur arretsurimagestv . L’occasion de parler web et journalisme…

Sur le net on trouve de tout, le meilleur comme le pire. Comment faites-vous le tri pour vos chroniques sur BFM TV « le meilleur du web », et « Web de Zéro » qui a une tendance plus politique ? Le buzz n’est pas le seul critère de choix ?

Le principe du « Meilleur du Web » est de faire le tour de l’actualité du jour sur Internet en trois minutes. Alternativement avec Ronald Guintrange (à 21:50) et Nathalie Lévy (à 23:50) nous passons en revue les images et les informations polémiques, sérieuses ou plus drôle qui ont fait le tour de la toile. Cela peut aller de la dernière news technophile (une nouveau service développé par Google), à la vidéo qui fait réagir les internautes (le buzz de Susan Boyle, le coup de sang de Christian Bale…), en passant par des vidéos ou des informations qui créent la polémique sur Internet et viennent chatouiller l’actualité (l’affaire de l’agression dans le bus de la RATP, la sortie de Rachida Dati face aux Jeunes Populaires…).

Le « Web de Zéro » propose une édition d’infos décalées. Un journal de six minutes qui se nourrit d’images et d’informations repérées sur Internet. Le ton de l’émission de Karl Zéro fait que nous pouvons proposer des sujets plus politiques en effet. Karl est là pour être le premier à réagir à ces infos et vidéos, avec son humour grinçant et son sens de l’ironie.

Le buzz est forcément un critère déterminant, puisqu’il permet de quantifier l’intérêt que le public accorde à une vidéo ou une information. Le nombre de visionnages sur les sites de partages de vidéo (You Tube, Daily Motion…) est un premier indice. Mais pas seulement. Je surfe aussi beaucoup dans la journée sur les blogs, les sites de presse en ligne français et américains. Si une information commence à être reprise par des blogueurs influents, c’est qu’elle vaut le coup d’être vérifiée et diffusée. Je suis aussi une adepte des réseaux sociaux (facebook et twitter), où les internautes font vivre l’actualité en s’en emparant et en la retravaillant avec leur touche personnelle. De plus en plus d’agences de presse et de médias dit « traditionnels » utilisent twitter et facebook comme outils et vecteurs d’information. C’est bon signe : le « tweet » est peut-être la future langue vernaculaire de l’info 😉

Le web alimente les médias et les médias se déclinent sur le web. Quelles sont selon vous les limites de ce phénomène ou de ce processus ?

Je pense que le web est un média comme un autre. J’entends ici le mot « média » dans son acception la plus simple : celle du moyen de diffusion d’information. Et comme pour tout média, la crédibilité d’une information vient de sa source et de sa vérification. A partir de ce moment-là, et dans la mesure où chacun fait son travail avec sérieux, je ne vois pas pourquoi les médias dits « traditionnels » et Internet devraient se regarder en chiens de faïence. Internet offre une plateforme infinie pour décliner une information, et les télévisions, radios et titres de presse l’ont bien compris.

La vitalité médiatique de cette saison 2008-2009 vient sans conteste des réseaux sociaux. Twitter par exemple, offre une immédiateté qui correspond bien aux chaînes d’information. En France, les chaînes restent encore assez prudentes et maîtrisent mal l’outil, mais au Etats-Unis, le site de micro-blogging est devenu un réflexe pour les plus grands présentateurs. D’abord parce que cela leur permet de suivre un grand nombre de politiciens américains qui twittent plus vite que leur ombre. Ensuite, parce qu’ils ont un retour immédiat des utilisateurs qui les suivent. Je pense en particulier à George Stéphanopoulos d’ABC ou Anderson Cooper de CNN qui lancent régulièrement des appels à témoins ou préparent leurs questions à partir des idées soumises par les internautes sur Twitter. Et c’est là qu’il y a une chance à saisir pour les médias « traditionnels » : en télévision ou en radio, il est très rare d’avoir un feedback de ses téléspectateurs ou auditeurs. Sur Internet, le retour lui est immédiat. Que ce soit en critiques positives ou négatives.

Souvenez-vous de l’intelligence de la web campagne de Barack Obama : faire de chaque internaute, et donc potentiel électeur, un ambassadeur de campagne. Et bien il faut faire la même chose avec nos téléspectateurs : les emmener avec nous au cœur de l’info, penser en permanence à eux, à la façon dont ils vont percevoir un sujet, nous mettre à leur place. Ils sont nos premiers ambassadeurs sur le terrain. On oublie souvent de le faire dans la course à l’info. Les réseaux sociaux peuvent peut-être nous aider à mieux communiquer avec nos téléspectateurs pour enrichir notre manière de faire vivre l’actualité au jour le jour.

Vous êtes journaliste de télévision, de radio, et l’on vous retrouve sur le net. L’avenir du journalisme tient-il dans cette capacité à jouer sur les divers supports médias ?

Absolument. Il ne faut pas avoir peur de maîtriser les différents supports. Ce sont nos outils, et quelque soit le support nous restons des artisans de l’info.

Merci Marjorie !

 

Par Damien D.

 

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