« Leçons de vie dans l’enfer de Tacloban », le témoignage d’Agnès Bun

Depuis 2012, Agnès Bun est journaliste reporter d’images au quartier général de l’AFP pour l’Asie-Pacifique, à Hong-Kong. Sa dernière mission l’a amenée aux Philippines, à Tacloban, ville sinistrée par le typhon « Haiyan ». Elle livre un témoignage poignant et bouleversant sur sa première couverture de catastrophe naturelle et la réalité du terrain d’un reporter.

Si nous découvrons sur nos écrans de nombreuses images de la dernière catastrophe naturelle en date, le typhon « Haiyan », c’est bien grâce au travail des reporters et des envoyés spéciaux. Agnès Bun est l’une de ces personnes qui vont au front. Ainsi, c’est au milieu des cadavres et des gravats qu’elle a passé six jours à Tacloban pour nous ramener films et interviews. Une expérience profondément marquante.

« Informer, informer, informer. Nous sommes venus pour cela. Nous devons aller jusqu’au bout. »

Devant nos téléviseurs, en simples spectateurs, nous nous posons certainement tous les mêmes questions : Quelles sont les conditions de travail de ces envoyés spéciaux ? Comment font-ils pour affronter toute la douleur des victimes ? Pour supporter toutes ces horreurs ? Fait extrêmement rare, Agnès en témoigne. Sur le site de l’AFP, elle a posté un long billet retraçant maintes situations difficiles et compliquées, tant sur le plan humain que sur le plan technique.

L’électricité plus qu’un besoin vital

Quant un reporter part sur le terrain, il y va pour nous informer. Sans images, sans son ou sans moyens de délivrer les informations, il ne peut exercer son métier. Dans son témoignage, Agnès fait part, de cette contrainte à trouver des points de rechargements pour sa caméra, son téléphone ou encore ses ordinateurs. Une nécessité telle, qu’elle passe même avant ses propres besoins « Alors, les problèmes d’électricité et de téléphone me font paniquer. Ils sont pour moi beaucoup plus graves que la faim, la soif et les conditions d’hygiène épouvantables auxquelles je serai confrontée pendant tout mon séjour. »

Résister (ou non) à ses émotions, mais continuer de faire son métier

Une catastrophe naturelle et c’est le drame à tous les coins de rues, quand il reste encore des rues… Aux conséquences immédiates : les morts et la dévastation, viennent s’ajouter la faim, la soif et le dénuement pour les rescapés. Vision d’horreur face à laquelle il faut être fort pour continuer. « Toute la ville sent la mort. A chaque fois que je repasse au même endroit, je me rends compte que les cadavres qui étaient déjà là lors de mon dernier passage ont changé de couleur, qu’ils ont gonflé de façon hideuse… ».

Entre réalisme et émotions, le billet d’Agnès Bun, « Leçons de vie dans l’enfer de Tacloban », permet de prendre toute la mesure de ce que peut vivre et ressentir un reporter dans ces circonstances. Attention, âmes sensibles s’abstenir…

Retrouvez le témoignage d’Agnès Bun sur Making-of 

source : AFP

par Damien D. , s. r. : Nathalie L.