Depuis près d’un an Samira Ibrahim présente « Envoyé Spécial Maghreb» , une adaptation du célèbre magazine éponyme, sur Nessma TV , chaîne du grand Maghreb. Et depuis le début de l’année 2010, Samira anime une chronique dans une production de Péri Cochin au Moyen-Orient. Deux programmes phares sur lesquelles brille une française ! Samira Ibrahim nous apporte quelques éclairages sur ses activités à l’international.
Samira comment s’est faite votre arrivée sur Nessma, chaîne de télévision tunisienne diffusant dans tout le Maghreb ?
Très simplement, j’ai rencontré le directeur fondateur de Nessma, Nebil Karoui, à Paris, qui avait vu des émissions que je présentais. Lors d’une interview, il a pu remarquer que je passais facilement du français, à l’arabe égyptien, au libanais ou au tunisien. Il m’a proposée de passer des tests en Tunisie pour la présentation d’Envoyé Spécial, ce que j’ai fait quelques semaines plus tard. Je suis partie à la découverte de cette chaine, c’est une belle aventure télévisuelle.
Qu’une chaîne de télévision étrangère s’intéresse à vous, qui plus est pour vous proposer de présenter et d’installer un magazine connu et reconnu comme « Envoyé Spécial » cela vous a t-il surpris, quel a été votre sentiment d’alors ?
Tout d’abord, traverser la méditerranée, pour venir me caster, c’est chic quand même ! (rires) « Envoyé Spécial » est une émission connue, un magazine d’information de référence, bien identifié, et très apprécie. Et j’ai trouvé que l’idée d’adapter un tel programme par une chaîne du Maghreb était intéressante, et pertinente. En général, les chaînes pensent plutôt à adapter des programme de divertissements types jeux, ou télé-réalité, et là le choix était tout de même osé.
« Envoyé Spécial Maghreb » n’est autre que l’adaptation du magazine du même nom que l’on connaît en France, mais à quoi ressemble ESM, quelles sont les spécificités de son adaptation pour le Maghreb ?
« Envoyé Spécial Maghreb » conserve le même habillage, la même musique de générique – d’ailleurs dès que je l’entends, j’ai le cœur qui bat à 100 à l’heure, j’ai une montée d’adrénaline et je suis prête à faire mon lancement!-. Contrairement au magazine original, je suis seule à la présentation. On reprend de nombreux reportages du magazine de France 2, mais on en diffuse d’autres reportages venant de nombreuses sociétés de productions. Il s’agit de reportages dont la portée et/ou le contenu intéressent les téléspectateurs du Maghreb. Dans chaque édition d’Envoyé Spécial Maghreb nous proposons deux reportages. Mais il arrive que l’on prépare des émissions spéciales ou thématiques, autour d’une région donné ou d’un fait de société. La grande différence entre Envoyé Spécial Maghreb et la version française, est la présence d’un invité en plateau. Je reçois ainsi dans chaque numéro un journaliste du Maghreb qui décrypte les reportages, et vient apporter son point de vue de journaliste maghrébin. Les reportages sont sous-titrées en arabe.
Pour votre travail de présentation, vous êtes-vous inspirée de la version française d’ Envoyé Spécial ou est-ce une interprétation libre que vous nous proposez ?
On ne me demande pas de m’inspirer de la présentation de mes consœurs Guilaine Chenu et Françoise Joly . C’est une adaptation, il y a donc des différences, d’abord je suis seule à la présentation de ESM. L’autre différence et originalité de cette version c’est la langue, je passe de l’arabe maghrébin, plus précisément du dialecte tunisien au français.
« Aujourd’hui j’ai le sentiment de pouvoir vraiment tout faire ! Je me sens à l’aise dans des exercices très différents, l’info, les interviews, les talks shows… »
Après un an d’exercice quel bilan tirez-vous de cette expérience, aussi bien pour la présentation d’un mag d’info que sur le caractère international de ce travail ?
Un bilan très positif ! Je suis très heureuse de cette expérience. Je rencontre des gens remarquables, je suis avec une équipe très dynamique. Nessma est une chaîne, très réactive, qui vous soutient, qui croit en vous…
Pour les tout premiers épisodes d’ESM, j’étais seule devant la caméra, sans prompteur, pour une émission phare… de quoi être un peu stressée, mais comme personne ne semblait douter, ça c’est bien passé ! Aujourd’hui j’ai le sentiment de pouvoir vraiment tout faire ! Je me sens à l’aise dans des exercices très différents, l’info, les interviews, les talks shows… Et puis Envoyé Spécial, c’est un magazine d’info proche des gens. On y a traité de sujets très variés et souvent marquants comme les mère-porteuses, le dialogue inter-religieux, les années de plomb au Maroc…
Récemment vous avez intégré une autre émission à l’étranger, produite par Péri Cochin pour le Moyen-Orient. Comment vous êtes-vous lancée dans cette nouvelle aventure ?
Péri Cochin a révolutionné la télévision dans le monde arabe, notamment en adaptant des émissions françaises à succès telles que Taratata ou Tout le monde en parle. Elle m’a proposée de participer à un nouveau talk-show de culture et de divertissement (un concept d’équipe dans le style de Laurent Ruquier) qu’elle produit : « Zahrat Al-kaleej », diffusé depuis le mois de janvier 2010 sur la chaine Abu Dahbi tv, en prime-time tous les samedis soirs, en partenariat avec le magazine féminin du même nom.
Quelles y sont vos activités et la portée des sujets ?
Mes interventions sont portées sur les débats et questions de sociétés, d’économie, d’environnement, de rapport hommes-femmes… Enfin les sujets varient à chaque émission. Pour chaque sujet traité, il y a un reportage en rapport avec le thème et un ou deux invités pour en débattre. Et je participe également a de petits sketchs, illustrant des thèmes de société.
On n’a malheureusement plus guère l’occasion de vous voir sur les chaînes de télévision françaises. Les médias français souffrent pourtant d’un manque de représentation de la diversité sur leurs antennes. N’est-ce pas un comble qu’une chaîne basée à Tunis, et une autre à Abu Dahbi, viennent dénicher des talents en France pour leurs programmes phares ?
Mes émissions sur l’Afrique sont passées sur tout le continent africain (Business et Initiatives Africa), maintenant je suis présente au Maghreb, (Nessma TV) et au Proche Orient (Abu Dhabi TV). Il me reste le continent Américain et l’Asie, avant qu’une grande chaîne française me sollicite!(rires). Plus sérieusement, je prends les choses comme elles viennent. Je reste très positive, car j’ai beaucoup de chance de travailler sur ces antennes, et je fais le métier que j’aime.
Dans les années 80 et 90, on parlait de « fuites des cerveaux » à propos des scientifiques. De nos jours de nombreux français, dont beaucoup « issus de la diversité » réussissent à l’étranger quand la chance ne leur a pas été donnée en France… Quand on voit ce que vous faites à l’étranger, des magazines importants, avec de grosses productions, n’êtes-vous pas un peu dans ce cas de figure ?
C’est vrai que de nombreux jeunes vont à l’étranger pour réussir, aussi bien dans les pays anglo-saxons que dans les pays du Golfe, car des opportunités de carrières leur sont offertes, indépendamment de leurs origines. Quand on a la chance de maitriser plusieurs langues et d’être ouvert aux autres cultures, on peut plus facilement saisir des opportunités à l’international. Mais je vous rassure, mon cerveau n’est pas parti, il est toujours là !! (rires)
« Ce que je fais à l’étranger… ça me correspond ! »
De ces expériences et activités internationales, espérez-vous pouvoir en récolter les fruits un jour sur un média en France ? Dans quels domaines-thématiques ?
Je ne suis pas dans les calculs, mais ce que je fais à l’étranger… ça me correspond.A la fois de l’actu et du talk-show ! Là avec Envoyé Spécial ou Zahrat Al-kaleej, je fais des choses différentes et ça se passe très bien ! Je suis capable de travailler dans les deux styles : l’info et l’actu avec tout le sérieux et la crédibilité que cela implique, le talk-show où je peux allier glamour, humour, côté un peu festif et alterner avec le sérieux des sujets.
Merci beaucoup Samira pour cet entretien sans frontières et… la positive attitude !
par Damien D.
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