Stéphanie Antoine : « En écrivant ce livre, j’avais l’intention de donner un côté coulisses »

Stéphanie Antoine - crédit photo : © John Foley/Opale
Stéphanie Antoine – crédit photo : © John Foley/Opale

Le 21 février dernier Stéphanie Antoine, journaliste sur France24, nous a dévoilé son livre DSK au FMI, enquête sur une renaissance, portrait croisé d’une institution mondiale et de son directeur général, Dominique Strauss-Kahn. Comment fonctionne le FMI ? Quelle a été la gestion de la crise économique ? Par sa plume Stéphanie Antoine nous donne plus à lire un scénario avec ses personnages, ses rebondissements, qu’un documentaire économique et financier. Petite plongée dans le monde politico-économique…

Stéphanie, tel Angles d’attaque de Barry L. Levy, DSK au FMI s’attache à nous présenter les faits sous plusieurs angles de vue. Et seul l’ensemble de ces vues permet une complète compréhension des évènements. Cette manière de traiter le sujet s’est-elle imposée d’elle-même ou est-ce un choix de votre part d’adopter indifféremment une vision individuelle ou globale ?

En écrivant ce livre, j’avais l’intention de donner un côté coulisses : montrer à la fois l’envers du décor d’une institution, le FMI et du travail de son directeur général, Dominique Strauss-Kahn. J’avais envie de montrer les difficultés qui apparaissent lorsqu’il faut prendre des décisions « ensemble » gérer tous les actionnaires du Fonds soient 187 pays ou encore mettre en place les politiques adoptées. L’idée était également d’avoir une approche plus accessible.

Pour cela, j’ai reconstitué les faits en suivant les différentes étapes, de la nomination de DSK, en passant par l’organisation du G20 ou le traitement de la crise en Grèce… et en recueillant les témoignages de nombreux responsables politiques et économiques tels Trevor Manuel, Jean-Claude Juncker ou Jean-Claude Trichet. J’y ai apporté mon retour d’expériences de journaliste lorsque j’ai couvert le G20 à Londres, la conférence de Dar-es-Salam…

A la lecture de votre livre, on s’aperçoit que le fonctionnement du FMI est complexe, fait de lutte de pouvoir entre les hommes et les Etats. Finalement le manque de transparence n’est-il pas une des raisons de la méconnaissance des institutions mondiales et de leur rôle par le grand public ? De leur manque d’évolution dans leur fonctionnement et statut ?

Il faut savoir qu’il y a une véritable tradition du secret au FMI. DSK a voulu la casser. Le FMI avait une mauvaise image avec la crise asiatique. DSK a transformé la communication du FMI pour en faire une institution plus moderne et redorer son blason. Il a par exemple mis en place pour la 1ère fois une conférence en Afrique à Dar-es-Salam en Tanzanie. Là-bas le FMI y a fait son mea-culpa « On a fait des erreurs par le passé, comment devons-nous changer ? ». Le FMI avait une certaine arrogance, il en a fait un FMI « ami ». Tout en expliquant qu’on ne peut pas faire de réforme sans respecter certaines règles. Il a entrepris la même démarche en Asie un an après. Il a vraiment transformé la communication du FMI : un Directeur Général du FMI qui se balade au milieu de la foule sur un marché en Tanzanie ça ne s’était jamais vu !

DSK sera le dernier européen à la tête du FMI sauf peut être s’il ne menait pas son mandat jusqu’au bout ? Son élection ayant été une véritable lutte, ne serait-ce pas un jeu d’influence encore plus grand pour un candidat venant d’un pays émergent devant plaire aux Européens, aux Américains ?

Normalement la promesse est faite… il sera bien le dernier européen à la tête du FMI. Là a priori cette fois-ci, ils tiendront la promesse que la place revienne à un pays émergent. Sauf que … si les américains veulent un pays émergent à la tête du FMI, il serait juste que la règle change aussi à la Banque Mondiale qui a toujours eu un américain à sa tête. Ce serait un bon signal politique. C’est aussi un moyen de pression pour les européens, c’est une question qui se pose. Mais la problématique de la direction du FMI reste plus délicate pour l’Europe car ce ne sont plus les pays émergents qui sont les débiteurs du Fonds, mais bien les européens !

Sera-t il aisé de succéder à DSK, lui qui a rénové et redonné des couleurs à cette institution ?

Il a joué son rôle. Après il existe bien des gens compétents, négociateurs… qui pourraient prendre sa suite lors de la fin de son mandat au 1er novembre 2012. On parle d’un indien ou d’un égyptien.

Le FMI, devenu aussi indispensable que puissant, est-il une bonne chose à long terme ? Ne doit-on pas s’attendre à un laisser-aller dans la gérance des pays, s’ils savent qu’ils peuvent toujours faire appel au bon docteur ?

Il y a un difficile équilibre à trouver. Le FMI a toujours eu un rôle de gendarme « classique » car il faut bien mettre des conditions à l’attribution de prêts. Mais ces dernières années DSK a réduit le nombre de conditions et lance des plans d’actions en fonction des situations et des pays. Pour la Grèce cela a été plus compliqué, il est question de négocier un rallongement pour le délais de remboursement.

Une nomination en un week-end, six mois pour réformer le FMI en profondeur, un sommet pour en faire la colonne vertébrale du G20, trois semaines pour remettre un pays sur pied, une nuit pour faire du FMI le partenaire du Fonds européen (FESF). DSK est effectivement un homme d’action, un réformateur de l’urgence, un accélérateur de processus. Cet initiateur de solutions n’est-il pas de ce fait l’homme d’un seul mandat ?

Là il y a eu une grosse crise dans laquelle DSK s’est révélé. Il fallait agir, il l’a fait. Il fallait faire vite. Il a entamé les réformes mais il reste encore beaucoup à faire! Il faut mettre en place les politiques de surveillance pour pouvoir prévenir les crises et non plus seulement travailler à les résoudre. L’Europe doit céder deux sièges au conseil d’administration du FMI, la réforme de gouvernance doit être ratifiée par les Parlements nationaux… Tout cela c’est encore beaucoup de travail donc pour un deuxième mandat, s’il choisit d’en faire un !

A l’heure actuelle l’avenir de DSK pose question… mais peut-on espérer une suite à « DSK au FMI » ? Pour parodier une certaine BD, « DSK dans la course à l’Elysée », « DSK à l’OMC »… ?

Pourquoi pas un tome2 ! (rires) …mais pas tout de suite, là il s’agit de mon premier livre cela m’a demandée de gros efforts, et maintenant je dois me lancer dans sa promotion. DSK a bien des ressources pour aller vers d’autres horizons. Anne Sinclair par ses récentes déclarations à rendu plus concret un retour en France. Il peut aussi prendre un poste l’U.E.. Mais concernant son avenir pour l’instant, il se réserve le droit de ne rien dire…

Retrouvez Stéphanie Antoine dans le JT de l’éco et L’invité de l’éco sur France24.

Merci beaucoup Stéphanie !

 

par Damien D. et Florence L.-G.

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DSK au FMI

DSK au FMI, enquête sur une renaissance
par Stéphanie Antoine
Editions du Seuil 

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